Le calvaire de Saint Brancary - Lo calvari de Sanct Brancari

A 954 m d’altitude, sur les hauteurs de notre commune, s’élève le calvaire de Saint Brancary – Sans Brancari.

 

Pierre Granier, dans son ouvrage « Sur les chemins du Sommail » édité par Maraval à Saint Pons en 1972, nous en décrit le détail. En voici un extrait :

« On désigne sous ce nom (Cassini : Saint Brancart) un calvaire, signal géodésique, dressé à 954 m d’altitude sur le sommet désert d’une montagne entre le Soulié et Vergougnac. A peine éloigné d’un kilomètre du Soulié, d’un accès très facile, sa visite est une promenade à conseiller.

Sur une plateforme à deux gradins, une croix de pierre dressée sur un socle s’élève à deux mètres cinquante environ au-dessus du sol. Aux coins de la plateforme quatre aiguilles de pierre de moins d’un mètre de haut sont plantées, dont deux surmontées d’une croix de fer. On est surpris de rencontrer sur ce sommet désert un tel monument qui, pour modeste qu’il soit, n’a pas été élevé sans un souci de recherche de beau. Cette recherche se manifeste par le travail du socle, les pans coupés de la hampe de la croix et la façon des croisillons (croix ancrée). Les deux petites croix de fer accompagnent avec tant de discrétion la croix de pierre que le visiteur ne reste pas insensible à cette harmonieuse simplicité. D’autant plus que le panorama observé de ce point (si le temps est beau) est lui aussi inspirateur de calme et de sérénité. Au loin les monts de Lacaune, où se remarque le Roc de Montalet, barrent l’horizon, tandis que devant eux se déploient de larges vallonnements emplis de champs, de bois et de forêts qui, denses et vertes, recouvrent les sommets aux dos arrondis.

L’histoire ne s’est pas intéressée à l’humble calvaire de Saint Brancary. Il en est qui ont pensé que sur ces hauteurs les cultes les plus vieux du monde avaient laissé quelques traces ; ils en auraient cherché les vestiges.

L’abbé Soupairac affirme que dans le nom de Saint Brancary, ou Brancassy, il faut reconnaitre celui de Saint Pancrace, jeune martyr de 14 ans décapité à Rome en 304.

Nous ne connaissons pas la date de l’érection du calvaire que nous croyons, pour notre part, se placer vers la fin du XVIIème ou au début du XVIIIème siècle, époque de la constitution de la paroisse du Soulié ; mais nous savons qu’il a été abattu en 1793 «et relevé en 1827 par la famille des Hons de Malbosc.

La coutume veut que les habitants du Soulié montent en procession au calvaire le lundi de la Pentecôte, au lever du soleil, pour demander au ciel la pluie ou le beau temps. »

 

La procession :

Dans son ouvrage « Le plateau du Somail – 1923 », Charles Gros nous détaille la procession de Saint Brancary :

"Près du hameau du Soulié, à 954 m d’altitude, s’élève le calvaire dit de « Sanct Brancari », sur un tertre d’où l’on domine toute la contrée et qui sert habituellement d’observatoire lors des manœuvres militaires. Quoique le nom du patron de la montagne ne figurât pas dans la vie des Saints, et que l’on ne sache rien de lui, son culte n’est pas délaissé pour cela.

C’est à lui que l’on s’adresse pour obtenir la pluie et la sérénité suivant les besoins du moment, et si l’on a trop attendu pour le faire, le saint ne garde pas rancune, car le changement désiré ne tarde pas à arriver. Chaque année, à l’approche de la saison d’été, le lundi de Pentecôte, au lever du soleil, on ne manque pas d’aller en procession pour la bonne tenue des récoltes. On s’y rend de toute la paroisse, à l’issue d’une messe matinale, et on y assiste avec un grand recueillement pour bénéficier de la bénédiction générale de toutes les terres qui sont à l’horizon. Lorsqu’une belle journée de printemps favorise cette pieuse cérémonie, la vue de toute la population agenouillée dans une lande de bruyères, loin de tout édifice, est impressionnante et fait remonter la pensée vers des époques bien anciennes. Un usage dont la signification nous échappe, veut qu’à cette processions les hommes marchent devant, le prêtre accompagné des notables vient après, et les femmes suivent le cortège au lieu de le précéder.

On raconte qu’une année, à cette procession, une pauvre petite vieille, tout en récitant les litanies, disait avec ferveur : « Sanct-Bracari, douanas nous d’ayguo » (Saint Brancary, donnez-nous de l’eau) mais ajoutait : « barréjado amé dé bi » (Mélangée avec du vin). Elle réclamait ainsi le vin à bon marché, ce qui, de nos jours aurait scandalisé le C.G.V. Son vœu aurait été exaucé sans porter préjudice à personne, car pour conjurer le danger ou par charité, une personne ayant appris la chose, lui aurait fait parvenir un petit fût de vin."

 

Aujourd'hui, ce pèlerinage est tombé un peu en désuétude. Le réchauffement climatique et la faiblesse des précipations atmosphériques redonneront-elles une nouvelle jeunesse à cette vieille tradition ?