Fenaisons, moissons et battages

Ainsi vient le temps des moissons. Nous vous proposons de remonter dans le temps et de découvrir ces activités qui ont toujours été essentielles et centrales dans la vie de notre commune et du Somail.
 
Le vocabulaire français et occitan
 
Chaque mot est présenté en français, en occitan écrit et en occitan oral
 
  • La fenaison - La dalhola - la dailloulo : fauchage et récolte des foins
  • Le faucheur - Lo dalhaire - Lou daillaïré
  • La faux - La dalha - La daillo
  • Le foin - la fen - la fé : herbe des prairies fauchée et séchée pour la nourriture du bétail. "Faire les foins"
  • La moisson - La sèga, la meisson - la sègo, la meïssoun : récolte des blés et des céréales
  • Moissonner - Missonar - Missouna

Le battage - Lo bateson - Lou batesou : séparer de l'épi ou de la tige les graines des céréales, à extraire de leurs gousses des graines de légumineuses comme les haricots secs et plus généralement à séparer les graines mûres du reste de la récolte quel que soit le type de plante.

  • Le gerbier - Lo garbièr - Lou garbièr : grand tas de gerbe ou meule

Les moissons au fil du temps

Faucher - Dalhar - Dailla :

En pays d’élevage aux hivers longs, la provision de foin était essentielle et mobilisait toutes les énergies pendant l’été. On embauchait parfois des équipes (còlas) de faucheurs (dalhaires).
Les dalhaires portaient leur pierre à aiguiser (cot) à la ceinture, dans un étui en bois (codièr) souvent rempli d’eau.
L’aiguisage de la faux (picar la dalha) nécessitait un certain savoir-faire.
Les premières faucheuses arrivèrent aux alentours de la guerre de 1914-18.
 
Sur le site internet Occitan-Aveyron, Gabriel Costes raconte ses souvenirs :
« Un còp èra, ai avut dalhat ambe la dalha mès jamai dins cap de còla. Dalhàvem a tres o quatre, cinc lo mai. Mès començàvem a dalhar lo matin a partir de tres oras, tres- quatre oras, parce que lo matin l’èrba se copa melhor ambe l’ai(g)atge.
La dalhe, la preparàvem sovent la velha, puslèu. Lo seras, la picàvem mès caliá tornar picar, de còps, a miègjorn. Aquò dependiá l’èrba qu’aviam a copar. E, per l’entreténer, aviam doas cots. Apelàvem aquò la cot, la pèira. Una grossièira per començar a desgrossir e pièi una fina per far lo fial. E totjorn viràvem lo talh en bas, entà l’èrba, per que encroquèssa. »
 
« Autrefois, j'ai eu fauché avec la faux mais jamais en équipe. Nous fauchions à trois ou quatre, cinq au maximum. Mais nous commencions à faucher le matin à partir de trois heures, trois-quatre heures, parce que le matin l'herbe se coupe mieux avec la rosée.
La faux, nous la préparions souvent la veille, plutôt. Le soir, nous l'aiguisions mais il fallait parfois l'aiguiser à nouveau à midi. Ça dépendait de l'herbe que nous avions à couper. Et, pour l'entretenir, nous avions deux pierres à aiguiser. Nous appelions ça la cot, la pierre. Une grossière pour commencer à dégrossir et puis une fine pour faire le fil. Et nous tournions toujours le tranchant vers le bas, vers l'herbe, pour que ça accroche. »
 
lo temps de la dalhala : https://oc.wikipedia.org/wiki/Dalha

Moissonner - Missonar - Missouna :

 


Le battage - Lo bateson - lou batésou :

Historique : Le battage se fait d'abord à la gaule ou au fléau sur une aire à battre au moins depuis la plus haute Antiquité1. On procède aussi par dépiquage (ou dépicage), terme réservé au travail effectué par foulage ou avec des outils traînés, généralement avec des bêtes (dépiquage animal). Avec la révolution agricole vient l'utilisation de batteuses mécaniques. On a aussi utilisé les mots battaison et batteries (au pluriel, en Poitou par exemple). Au Moyen Âge, une batterie était un salaire reçu pour un battage de grains.

 

Extraits de "Histoires du Soulié 1913-1916" de Maurice Rouanet :
"Mon enfance fut si pleine de la joie des « batesous », mon père aussi a tant aimé ce travail de dépiquage, que je ne puis résister au plaisir d’y repenser comme à tant de ces souvenirs morts.
Certes, j’ai vu battre au fléau dans l’aire qui est devenue notre petit pré de la maison du Soulié. Ces cinq ou six personnes qui prennent ce rythme qu’on ne retrouve plus que chez les ouvriers monteurs de cirques, avaient quelque chose de magique. Ces six fléaux tombent sur les épis à la cadence de six par seconde pour les batteurs très habiles, de 3ou 4 pour les autres. Je les vois encore, après 60 ans, le fléau levé, chacun à sa place, immobile et comptant à haute voix pour saisir le rythme. Puis, sur un signe du chef, chaque fléau tombe à son tour avec un bruit différent des autres. C’estune galopade. C’est un enchantement.

Mais j’ai toujours préféré la batteuse mécanique. Non pas la batteuse à vapeur, souvent poussive, et dont le cendrierimprudemment manœuvré vous enflamme une aire en moins de deux. Non plus la batteuse à essence ou à mazout, quicommunique en grognant son odeur nauséabonde au beau blé mûr. Non, foin de ces poisons fumeux et de ces renvoisd’ivrogne ! Parlez-moi plutôt de ces batteuses mécaniques, qui fonctionnent avec la mécanique la plus sûre, la plus lente,la plus sage qui soit, la mécanique à vaches. C’était un manège à trois paires de vaches qui tournaient. Les six rayonsde l’hexagone recueillaient entre les deux pointes de la fourche terminale une chaîne qui mettait en branle le batteur.Trois enfants, à coups d’aiguillon, piquaient les vaches. Assis sur l’extrémité des rayons, ils goûtaient le suprêmebonheur, doublé d’une rare fierté, de maîtrise d’énormes bêtes, de commander à cette étrange machinerie, et surtout –surtout – de passer toute une journée sur un manège. Aussi les places étaient-elles furieusement disputées."